Vendre son nouvel album uniquement aux concerts
31 Jan
A l’ère où il existe une variété de supports pour vendre sa musique, il y a un large champ d’expérimentations et de stratégies quand on sort un nouvel album. Les opportunités pour diffuser sa dernière production peuvent aller du plus simple schéma artisanal à des processus bien établis par des grandes structures. Tout dépend de votre degré de développement, de votre univers artistique, et aussi de comment vous voulez être connecté à vos fans (ou futurs fans)
Vous sortez un nouvel album?
Récemment, les légendaires Black Sabbath, en prémisse de leur tournée d’adieu, ont annoncé qu’ils allaient proposer un nouvel album inédit uniquement aux concerts (4 titres lives + 4 nouvelles compositions).
L’idée peut bien évidemment s’appliquer à un artiste en développement:
– Avant tout, vendre sa musique en physique à des concerts, en exclusivité ou non, est toujours une bonne chose.
– Si c’est une première production, il convient de la mettre à disposition sur le plus de supports possibles. Black Sabbath a une grande marge de manœuvre (groupe respecté+fanbase ultra-établie+expérience et longévité+structure pro en appui) et peut se permettre beaucoup de choses.
– Si vous avez déjà un peu de route, avec des personnes qui vous suivent, c’est le bon moment pour expérimenter. Vendre en exclusivité un nouvel album en concert, même si rien n’est sûr à 100%, ne risque pas vraiment de rebuter une personne qui apprécie déjà votre musique, d’autant plus qu’elle sera curieuse d’écouter votre œuvre. L’idée est de faire le teasing de l’opération en amont via vos supports web (site, blog, réseaux sociaux, agendas de concerts, communiqués sur diverses plateformes). C’est également une raison de plus pour faire venir le public, et donc d’organiser une soirée dédiée à cette exclusivité.
– L’effet de surprise: par exemple Wolfmother a sorti son album de 2014 « New Crown » directement sur Bandcamp sans annonce… Jack White a enregistré live dans son studio de Nashville pour 150 fans et pressait, dans les heures suivantes, un nombre limité de copies sur vinyle… Annoncer au début du concert que votre nouvel album sera disponible à la vente exclusivement ce jour-là peut éveiller un sentiment « d’empressement » chez celui qui apprécie votre musique, et possiblement chez le néophyte qui ne vous connaît pas encore. Artistiquement, il semble mieux de jouer des nouveaux titres, voire la totalité de l’album. Chacun est bon juge de sa propre setlist.
– D’un point de vue économique: produire un nombre limité d’albums (500 à 1000 par exemple) pour jauger le potentiel des ventes physiques et éviter de trop investir dans le pressage. Il est toujours compliqué de savoir, avant un certain temps, si son audience a des préférences pour tel ou tel support. Plus la notoriété du groupe grandit, plus il devient facile « d’orienter » cette audience vers les supports, opérations et stratégies pré-définis…
La rareté d’un enregistrement, l’histoire l’a parfois prouvé, renforce l’aspect culte ce qui découle sur la demande: un schéma très généralement involontaire de la part des groupes. On ne se prétendra pas culte, mais si votre album marche bien, pourquoi ne pas le represser avec un ou deux titres inédits, un packaging différent etc.
– Vendre son nouvel album à un concert peut se décliner sur une durée limitée (comme Black Sabbath), ou sur une mini-tournée.
– Peu de temps après avoir vendu votre exclusivité, il est judicieux de mettre ce nouvel album à disposition sur les supports web pour augmenter votre visibilité, les partages et les ventes numériques. Dans cette logique, il faut continuer de le vendre en physique: dans les bacs, via votre site web/sites de vente en ligne et bien entendu aux concerts. Il en découle aussi des classiques de la vente directe en concert: par exemple insérer des « downloads codes » Bandcamp dans la pochette des albums. La réalité du marché est que les ventes numériques et les ventes physiques ont atteint un équilibre en 2014: le but est d’optimiser via plusieurs supports pour un artiste en développement.
Voilà donc des idées non-exhaustives autour de l’opération de Black Sabbath, à agrémenter et à considérer de bien des manières.