Black Sabbath, ou quand l’histoire du heavy metal commença en 1970
12 Déc
Black Sabbath est LE pionnier du heavy metal, selon un avis très unanime de la communauté. Un groupe qui débute à l’épicentre d’une époque où le rock se durcit. Led Zeppelin et Deep Purple, pour ne citer qu’eux, avaient déjà publié des albums avant Black Sabbath. Mais bien que le groupe soit apparenté au hard-rock des 70’s, ce qui dans un sens est vrai, sa musique est réellement un cas à part. Une sonorité qui a effrayé l’auditoire à ses début, pour ensuite devenir le fer de lance d’un des groupes de rock les plus célèbres.
Certains en sourient aujourd’hui, d’autres non. Lorsqu’on écoute « Black Sabbath » (vidéo ci-dessous), première chanson du premier album du même nom, sorti le vendredi 13 février 1970, le frisson n’est pas loin. La pochette, agrémentée de couleurs et pigmentations à tendance psychédélique, dégage une atmosphère inquiétante avec une étrange « sorcière-hippie » posant dans un lieu peu rassurant. Le chevauchement de deux époques.
La suite de la discographie ne sera pas toujours du même acabit, en restant malgré tout dans une sonorité heavyrock-blues-lugubre, immédiatement reconnaissable, couverte par la voix du madman Ozzy Osbourne. Une voix nasillarde, sans grande technique et à la limite de la fausse note, mais puissante, qui contribue à la sonorité globale du groupe accordé plus grave. S’ajoute à ce timbre particulier Tony Iommi (authentique guitar hero), Bill Ward (batterie) et Geezer Butler (basse). Il faut mentionner que la section rythmique a elle aussi influencé les musiciens de métal. Les morceaux sont assez longs et parfois à la limite du progressif (c’est les 70’s!), conférant un style vraiment unique à un groupe avec un tel son, comme « Killing Yourself To Live »:
Le son et l’image Black Sabbath
Le son de Black Sabbath est du à un accident. Lorsqu’il travaillait dans une usine, Tony Iommi s’est fait écraser les phalanges de deux doigts de la main droite par une presse. Cela l’obligea à se fabriquer des « prothèses » en cuir pour jouer le manche de sa guitare (il est gaucher), ainsi qu’à utiliser des cordes très souples. Il lui a fallu s’accorder plus grave (1/2 ton en dessous de l’accordage standard) pour encore assouplir les cordes et faciliter l’attaque. Iommi a alors développé un jeu particulier. Il est un formidable créateur de riffs, qui sont généralement très lents, propices à des climats pesants et lourds. Il utilise beaucoup le triton satanique, assombrissant encore plus l’ensemble: c’est un intervalle dissonant dans la gamme. Au moyen-âge certains furent brûlés vifs car il était interdit de jouer cet intervalle du diable. Son jeu de guitare solo est un mélange de fluidité et d’agressivité, justement dosé, avec des bends parfois terrifiants sur des gammes blues. Les paroles sont écrites par Geezer Butler et ont pour thème la guerre, la place dans la société, le combat contre le démon. Finalement tout ceci créera une mystique satanique autour du groupe, bien malgré lui. Les membres ne sont pas du tout adepte du mouvement, mais bien dévoués au mode de vie rock’n’roll des 70’s. Il est vrai que les excentricités du sieur Osbourne (décapitation de colombe avec les dents par exemple) n’aident pas à croire le contraire, que ce soit sur scène ou hors scène. Cette image était aussi un moyen de provocation (volontaire?) pour choquer l’Angleterre très « establishment » de l’époque.
Des faubourgs de Birmingham aux albums cultes
Black Sabbath est originaire de Birmingham, ville industrielle et pas très glamour. Les groupes de métal sont souvent nés dans des villes rudes, comme le mentionne l’excellent documentaire « Métal au cœur de la bête », faisant d’ailleurs la part belle à Black Sabbath. Birmingham est également la maison mère de Judas Priest, un des dignes successeurs engendrés par le quatuor. Il y a souvent dissertations sur Beatles et Rolling Stones pour savoir lesquels sont les plus « prolétaires », histoire d’alimenter le mythe pour justifier une quelconque caution rock. Black Sabbath, eux, sont clairement issus de classes défavorisées et la musique est un échappatoire. Pour ceux que ça intéresse, il est recommandé de lire ces biographies:
– En français: « Black Sabbath, la légende » par Guillaume Roos
– En anglais: « Black Sabbath: Symptom of the Universe » par Mick Wall (sûrement la meilleure à ce jour)
Black Sabbath, Paranoid, Masters of Reality, Vol.4, Sabbath Bloody Sabbath, Sabbotage, Technical Ectasy, Never Say Die... Des albums cultes, même si les deux derniers sont un cran en dessous. Puis c’est le départ d’Ozzy Osbourne en 1978, à cause de beaucoup d’excès. Les années 80-90 seront cycliques, avec un Tony Iommi qui mènera la barque comme il peut, gérant les multiples allers-venues de musiciens. Les albums ne seront pas si mauvais, notamment ceux avec Ronnie James Dio au chant, RIP. Le groupe sortira des bons morceaux, mais jamais un album digne de la période faste des 70’s. Puis ce sera le retour du line-up original en 1997 pour quelques occasions (Ozzfest etc.) jusqu’à régulièrement depuis 2011. Des concerts en tête d’affiche de gros festivals et un nouvel album en 2013. Avec un set live qui tient encore vraiment bien la route, chose assez incroyable au vu de leur mode de vie passé.
Pour finir, cette infographie parue dans Télérama en Juin 2013: Black Sabbath reste avant tout un grand groupe de rock!
18 septembre 1970 Deuxieme album de Black Sabbath. Un album culte que tout fan de musique se doit d avoir ecoute au moins une fois dans sa vie. HEAVY DOOM